Pouvez-vous nous présenter le café de votre village et les services qu’il propose ?
Daniel Bouchet : Le café associatif (B’Artolie) est central : il se trouve à la croisée de chemins dans le bourg du village, entre mairie et école. Il occupe le rez-de-chaussée d’un bâtiment communal. Inauguré le 24 mars 2023, à ce jour, il propose essentiellement à ses adhérents une activité de café sans licence. En très peu de temps, il a été à l’origine de nombreuses rencontres et a été un grand vecteur d’échanges multiples.
Amandine Siegel : Le café est atypique car il ne s’agit pas d’un café ouvert tous les jours, ni sur des horaires fixes en semaine. Il s’agit plutôt d’un café atelier/rencontre, permettant aux habitants de se retrouver le temps d’une soirée à thème ou d’un atelier partagé. Pour l’instant, il est ouvert une fois par mois et propose des animations telles que des soirées à thèmes, retransmission de la coupe du monde rugby, beaujolais nouveau, karaoké et quiz de Noël. Pour ces animations, le bar est ouvert et les habitants peuvent consommer des boissons alcoolisées ou non. Des petits amuse-bouche sont fournis par l’association, et la soirée “beaujolais nouveau” nous permettra de tester la conception et la vente de planches de charcuterie/fromage sur réservation.
Comment l’idée d’ouvrir un café associatif est-elle née ?
DB : La commune possédait ce bien. Il était très peu utilisé et nous étions, il faut le dire, dans un vide sidéral de lieu d’échanges et de rencontres.
AS : Il me semble que c’était dans les tuyaux de la commune depuis un bout de temps. L’idée s’est accélérée une fois la Maison Pour Tous bien implantée. Et 2023 était une bonne année pour enfin passer de l’idée au projet !
Pour ce projet, comment avez-vous mobilisé les habitants de la commune ?
DB : Par le biais du journal communal, une enquête a été proposée aux habitants. Elle fut suivie d’une réunion publique co-animée avec “1000 cafés”.
AS : Nous avons mobilisé les habitants en 2 temps : un sondage, en premier lieu, afin de recueillir un maximum d’avis sur la question et puis nous avons organisé, dans un second temps, une réunion publique afin de restituer les résultats du sondage et commencer à co-construire le projet ensemble. L’accompagnement de “1000 cafés” nous a permis d’être plus opérationnels pour cette mobilisation citoyenne.
D’après vous, quelle fut l’étape la plus compliquée à passer dans la réalisation du projet ?
DB : Le plus compliqué fut l’étape administrative : rédaction des statuts et de la convention de mise à disposition du local à l’association naissante.
AS : Notre problématique la plus concrète concernait la mobilisation des habitants. Nous savions dès le départ que le projet ne pourrait être viable que si un nombre conséquent de bénévoles décidaient de s’investir. La seconde étape complexe que nous rencontrons maintenant est de maintenir cette motivation afin que le projet perdure dans le temps. Cette question des bénévoles est au cœur du projet, mais au lieu de la prendre comme un frein dans la mise en place du café, nous avons décidé d’en faire un atout. Comment ? En concevant un café atypique qui correspond à la fois à la réglementation administrative, aux souhaits des riverains, à la disponibilité des bénévoles et à leur esprit créatif. L’esprit du café-rencontre est né ainsi.
Pouvez-vous nous partager les avantages du café associatif par rapport aux autres modèles de café qui existent ?
DB : L’avantage indéniable est économique : pas de salarié donc pas de charges et moins de contraintes financières qu’une SARL par exemple, puisqu’il n’y a pas nécessité d’être rentable.
Ensuite, le concept de lieu (café, auberge, épicerie…) associatif offre à chaque adhérent la possibilité de donner du temps selon son envie, sa disponibilité, et participer à sa mesure à la vie du café.
AS : Le grand avantage qu’on y trouve est la simplicité. Les modalités administratives qui incombent aux cafés porteurs d’autres licences sont plus complexes à gérer au quotidien. Nous étions à la recherche d’un modèle que nous pouvions supporter sans trop de contraintes. Et puis l’esprit associatif nous correspond bien.
Pour finir, quelles sont les clés de succès sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour l’ouverture et la pérennité d’un café associatif dans une commune rurale ?
DB : Pour moi, trois facteurs majeurs : la volonté de la municipalité d’accompagner et simplifier les démarches, d’alléger les contraintes administratives et financières (si possible) ; la motivation des habitants pour devenir adhérents-acteurs ou seulement adhérents-consommateurs ; et enfin l’emplacement du local au cœur du village.
AS : Indéniablement… la co-construction et les échanges d’expériences. Plus les personnes se sentent écoutées, plus elles trouvent facilement leur place au sein du projet. Co-construire une vision partagée du projet, avec des ateliers de brainstorming créatif est, selon moi, la clé principale d’un projet viable. Reste à ritualiser une dynamique conviviale et le tour est quasi bouclé pour rendre pérenne un café rural.
Merci à Daniel Bouchet et Amandine Siegel pour leur partage d’expérience ! Si vous passez du côté de Lestiac-sur-Garonne et de Pressagny-l’Orgueilleux, n’hésitez pas à vous arrêter pour prendre un bon café au B’Artolie et à La Maison Pour Tous !